Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 09:02

 

 

Le jeudi 30 septembre, aura lieu à la galerie Dury-Morel , 23 rue Auguste Comte à Lyon, le vernissage de l’exposition des peintres de la galerie. Chacun d’eux y présentent cinq œuvres inédites (peintures, dessins, aquarelles…). Guy Brémond sera naturellement sur les cimaises. Nous vous convions donc à cette soirée où vous aurez, en plus du plaisir de faire connaissance avec de nouvelles œuvres, celui de rencontrer leurs créateurs.

Partager cet article
Repost0
16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 06:42

            Le jeudi 4 mars 2010 au soir a eu lieu le vernissage de l'exposition de Guy Brémond, exposition voulue par Gabriel Vartore et réalisée par Dominique et Philippe Wibaux dans leur galerie, 23 rue Auguste Comte à Lyon. Nous ne ferons pas ici le compte de tous les amis revenus, de crainte d'en oublier, eux qui par leur présence ont démontré qu'ils n'avaient oublié ni le peintre ni l'homme. Inutile même de les en remercier : ce serait leur faire injure.

            Nous ne ferons pas non plus le compte de toutes les personnes que l'amour de la beauté a fait se déplacer pour la caresser des yeux, lui faire les yeux doux, ou lui adresser le clin d'œil signalétique      auquel cette farouche ne répond qu'en créant une solitude à deux. Solitude momentanée, provisoire, en attendant celle du tête-à-tête. On le sait, la peinture est exigeante, elle veut toujours tout pour elle et toujours le maximum, l'attention, la lumière, la proximité, le temps, le silence, et un regard semblable à une terre vierge, sans culture, sans engrais, sans rien d'autre que la faculté de voir et d'émerveiller la cage aux émois. Un tel regard ne se trompe jamais en saisissant, en s'emparant d'un visage de femme (ou d'homme, s'il est féminin), ce visage lui parle sans dire mot, ce visage lui répond parce qu'il lui correspond, et inversement. Ainsi est la peinture, ce visage, cette femme, cette beauté, cette universalité qui sait s'installer dans le particulier, un paysage, un portrait, une pomme, des toits de maisons, des arbres plantés dans le soir…

            Nous n'en dirons pas plus. À cet égard, le livret qui continue d'accompagner l'exposition, mince par la taille mais si vaste par son contenu (huit admirables textes-poèmes de Gabriel Vartore-Néoumivakine), est autrement plus riche de vérité que tout ce que nous pourrions ajouter.

            De sorte qu'il faut nous taire, ne serait-ce déjà que pour laisser la place à quelques photographies prises ici et là durant la soirée de ce vernissage.

 

 

 

 


Partager cet article
Repost0
15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 06:50

Exposition-Guy-Bremond.jpg

Comme l'indique le carton d'invitation ci-dessus, la prochaine exposition de Guy Brémond, accueillie par Madame et Monsieur Wibaux, se tiendra du 4 au 25 mars, 23 rue Auguste Comte, à Lyon. Le vernissage auquel vous êtes convié aura lieu le jeudi 4 mars au soir.

 

Peinture-soir-copie-1.jpg

 

 







Partager cet article
Repost0
4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 06:06

              Nous tenons à remercier toutes les personnes qui visitent ce site dédié à Guy Brémond, dont la prochaine exposition se tiendra à la Galerie Dury & Morel, 23 rue Auguste Comte à Lyon, durant le mois de mars 2010.

Partager cet article
Repost0
18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 06:30
link

 

“L'épaisseur d'un rempart compte moins que la volonté de le défendre” 

Thucydide

 

          Cliquer sur “Extraits 1, 2, 3”, etc., afin de lire ceux-ci. La catégorie s’enrichira peu à peu, venant ainsi renforcer les déjà nombreuses citations faites dans le cours des articles et que l'on retrouvera ici. Nous remercions à nouveau tous ceux et toutes celles qui, nouveaux visiteurs ou visiteurs assidus, ne quittent pas les pages de ce site sans éprouver, sinon le bonheur, du moins le plaisir de connaître une œuvre qui n'a pas la banalité de copier “ce qui se fait, ce qui se dit, ce qui s’écrit”.


          P. S. On trouvera sur le site déjà nommé (http://www.EveryOneWeb.fr/guybremond), une suite aux extraits de l'oeuvre écrite de Guy Brémond. On peut également consulter le site suivant : http://guybremond.centerblog.net/


 





Partager cet article
Repost0
13 août 2009 4 13 /08 /août /2009 06:14

           Pour continuer non plus à présenter (ce qui semble être fait), mais à entretenir l’intérêt des visiteurs pour l’œuvre de Guy Brémond, il serait peut-être judicieux d’extraire certaines parties du versant littéraire de celle-ci. Mieux encore, de choisir dans ces parties celles qui touchent plus particulièrement à la nature dans laquelle il vit, solitaire dans un milieu rural, paysan, pastoral, forestier. Un Massif Central qui en dépit des règles plates des autoroutes ; de la mise en coupe réglée du pays par le tourisme et les infrastructures induites qui dénaturent le paysage ; de l’amputation de ses mœurs et traditions qui en faisaient toute la singularité par la conformité aux règlements niveleurs et vulgarisateurs, parvient encore à exprimer son originalité, sa beauté et sa liberté. À condition de faire corps et âme avec un certain silence, une certaine solitude, et une exigence certaine.
         Quelques textes de Guy Brémond correspondent à cette condition nécessaire.

                                                                                                                                                                                                                                                                      Cicérone


          Rappelons, pour ceux qui désirent aller plus loin (en particulier pour la consultation de l'étymologie des mots qui caractérisent l’œuvre qui est le sujet de ce blog), l'adresse d'un site également ami de Guy Brémond :


http://www.everyoneweb.fr/guybremond/

Partager cet article
Repost0
26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 08:28

           Nous nous permettons de replacer ici l’Avant-propos par lequel débute l’ensemble des articles constituant ce site, ceci afin que celles et ceux qui viennent le visiter au stade où il en est puissent en connaître d’emblée le sujet, sans avoir à en remonter toutes les pages…

 

 

            Guy Brémond est peintre et écrivain. C’est d’ores et déjà tout dire. Il faut pourtant parler de lui, puisqu’il demeure caché par le rideau de l’indifférence, qui n’est jamais bien loin de l’ignorance. Parler non pas tant de sa personne proprement dite – qui du reste n’intéresserait guère de monde, trop exonérée qu’elle est de bonds et rebondissements à couper le souffle –, que de son œuvre. Et parler de celle-ci non pas en critique averti, en historien de l’art, en esthète, en spécialiste ou professeur (je ne suis rien de tout cela), mais en homme épris de beauté, de celle qui bouleverse et commotionne comme de celle qui émeut, qui émerveille jusqu’à procurer l’impossible paix et l’inespérable sérénité.

           C’est donc à ce voyage intérieur que je convie ceux pour qui l’amour est la source de toute création, ceux qui ne se paient ni de mots ni de farces et attrapes, ceux qui ne craignent ni le froid ni le chaud, seulement la tiédeur et les rodomontades de la rhétorique triomphante.

           Je n’ai qu’un avantage : mon amitié pour l’homme me fait coïncider, sinon même si bien m’ajuster à l’œuvre, qu’il me semble parfois (comme on s’identifie au héros d’un roman) la créer en la regardant. Puisse chacun bénéficier d’une telle connivence, et en s’appropriant ce dont il s’émerveille, il naisse pour toujours à soi-même.

 

 

*


          Si les quelques rares personnes qui ont connu, ou qui connaissent aujourd'hui Guy Brémond (ou son œuvre, ou mieux encore les deux), voulaient bien à ce propos exprimer ici leurs sentiments et leurs réflexions, elles pourraient ainsi, en fortifiant de leurs témoignages ce site qui lui est consacré, participer activement à une reconnaissance publique légitime - qu'il n'attend évidemment pas, mais que ses amis veulent voir se manifester puisqu'elle lui est due.

      Lesquels amis les remercient infiniment, non sans les assurer que par cet acte d'engagement elles rendent justice et attestent de leur amitié.



Pour consulter les étymologies suivantes, veuillez vous rendre sur le site (sans image) d’un autre ami de Guy Brémond, ami qui également commente et présente divers textes  : http://www.EveryOneWeb.fr/guybremond 


Absolu. Amour. Beauté. Musique. Originalité. Pauvreté. Peinture. Poésie. Silence. Solitude. Simplicité. Tableau. Contemplation, et sans doute d'autres...  

                                                                                                                                                  Cicérone










Partager cet article
Repost0
25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 06:50


"Le plaisir de la critique nous ôte celui d'être vivement touchés de très belles choses."
La Bruyère 
 

En   faut-il beaucoup, ou au contraire bien peu pour être vivement touché de très belles choses ? La réponse va de soi : il en faut toujours très peu. Nous l'avons dit (article 35 - Presque rien), c’est le presque rien qui déclenche tout, qui est le détonateur. On pourrait même aller jusqu’à dire que tout le reste est de trop, sachant en effet, comme nous l’avons aussi précédemment précisé, que l’obtention de la beauté passe par l’impératif du rien de trop. Or c’est bien parce que dans nombre d’œuvres l’en trop les constitue qu’elles ne sont que l’expression vulgaire du tape-à-l’œil : l’organe visuel est alors si outrageusement harponné qu’il en reste bouche bée, autrement dit il est gavé au point de ne pouvoir digérer, et par voie de conséquence il est incapable de nourrir le cerveau qui reste sur sa faim.

Très peu, donc. Ce qui se traduit par la sobriété, laquelle n’autorise que l’essentiel, mais tout l’essentiel. S’il y a une difficulté pour le poète comme pour celui qui contemple l’œuvre, elle est là : la tentation d’en rajouter pour l’un, et pour l’autre celle de prendre l’effet bœuf pour la beauté. Si le discours nous empêche d’être touché en occupant la place, c’est parce que ce monarque exerce son pouvoir en vaniteux. Si en revanche le discours a pour origine la modestie,  non seulement il n’occulte pas la lumière de l’œuvre, mais, de plus, il permet à sa réalité de nous atteindre. Dans le premier cas il s’agit de critique, au lieu que dans le deuxième il s’agit de discernement.

La valeur des gris, le passage des uns aux autres, l’art périlleux des transitions, cet ensemble, constitutif de la mécanique du suggestif, est la sobriété même. Un ensemble qui est diamétralement opposé à l’art abrupt, sinon brutal, de la provocation. Si bien que la commotion exaltante obtenue par la suggestion – dont le contenu est fait de simplicité, de modestie, de sobriété – est à la fois plus profonde et plus durable que celle produite par le coup de poing du défi, du harcèlement ou de l’allumage en règle.

Se donner le plaisir facile de faire la critique d’une œuvre dont auparavant on ne s’est pas laissé toucher faute de s’en donner les moyens, en l’occurrence le temps, autrement dit faute d’accomplir tout le cycle des préliminaires qu’exige l’amour, c’est systématiquement et définitivement passer à côté de l’essentiel en proclamant que le flacon est vide d’essence ou de liqueur.

L’acquisition, la conquête ou le recueillement de la beauté est symétrique de la recommandation bien connue selon laquelle pour être heureux il faut vivre caché : la beauté est comme l’amour authentique, elle ne se jette pas à la tête du premier venu. C’est l’effort assidu de celui-ci qui seul permet de découvrir cette beauté. Elle n’entre jamais dans l’âme par la violence d’une balle ; cette eau de source pénètre toujours par capillarité.

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 06:41


Écrire, danser, peindre, chanter, dire, embrasser…, un faisceau de moyens qui vont tous dans la même direction : exprimer la présence réelle d’une humanité actuelle. Tous moyens essentiellement corporels. D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement ?

D’aucuns, fomentant ainsi la division, la dichotomie, la dualité, coupant l’homme en deux ou en quatre comme le cheveu de leur langage, prétendent qu’à ces moyens corporels s’ajoute le spirituel. Certes, le mot existe et pour cause. Mot qui s’oppose à corporel en ce que le spirituel serait ce qui est immatériel : la partie de l’âme qui serait uniquement esprit, “émanation et reflet d’un principe supérieur”. Décréter ceci revient à imposer le principe de hiérarchie : le haut, le bas ; le supérieur, l’inférieur, et par conséquent à fomenter l’iniquité née du jugement que cette construction intellectuelle implique. De telles idées, de telles convictions, avec le lexique qu’elles nécessitent, sont apparues alors que les hommes, faute d’avoir les moyens de procéder à des investigations appropriées, ont inventé un système qui expliquait de façon à peu près satisfaisante la réalité qu’ils vivaient. On sait (beaucoup mieux) aujourd’hui comment les choses se passent dans l’homme. Auquel il faut, toutes affaires cessantes, redonner son unité. Il n’est ni deux ni trois, mais un. Il n’y a pas l’âme ou l’esprit d’un côté, et le corps de l’autre.

  Écrire, danser, peindre, chanter, dire, embrasser…, c’est aimer, c’est créer, c’est vivre si intensément que cette expression personnelle atteint à l’universel. De sorte que rien n’est plus véritablement “catholique” que cet art de vivre. (Du grec ¹ ka>oli!Òj : général, universel, selon le tout, dans sa totalité. Ce terme est un adjectif ordinaire. Ainsi, si quelqu’un a des brûlures sur tout le corps on dira ka>oli!£ eg!aÚmata ; si une loi reçoit une approbation générale on dira : ka>oli!£ ¢podoc»). La poésie est une création de l’homme. Que le poème – de même que la peinture, le baiser ou le chant – exprime la révolte, la honte, la colère, la laideur ou la beauté, ce qui le crée est l’amour qui, selon que l’homme est scandalisé ou enthousiasmé, aura la tonalité, le vocabulaire, la syntaxe adaptés à la circonstance, à l’intention et la finalité.

En présence d’un texte, d’une parole, d’un chant, d’une peinture, d’une danse ou d’un baiser, c’est l’attouchement de ces corps en action qui déclenche la réaction de celui qui est présent à l’instant de ce présent (don, offrande). Le prodige est la création redoublée qui s’effectue dans l’homme par la grâce de cet attouchement, de ce touchement, ce corps à corps, cette correspondance, cette réciprocité simultanée d’un sentiment unique. Qu’il ne tient qu’à l’union de ces deux corps de faire durer au moins autant qu’eux, sinon davantage.

On ne peut pas dire : peu importe le mot, corps ou âme, puisque les mots (les gestes, les couleurs, les sons, les lèvres du baiser) sont le véhicule de transport de la vérité ou du mensonge, de la réalité ou de l’imaginaire… ; puisque le langage est la circulation de l’intelligence dans la société humaine.

D’où l’extrême importance de la beauté du tableau, du poème, de la chorégraphie, de la musique : ce n’est jamais, à chaque fois, que la bouche amoureuse qui embrasse la bouche de l’amour.

 

« […] Rues borgnes, pavées, semi-désertes. Quatre pèlerins pressés à pépins noirs, pas d’autres chats. Qu’une voiture tous les quarts d’heure qui se dépêche de passer sous la pomme d’arrosoir des lampadaires qui pissent leurs lumières chiches. Lucien traverse ces quartiers d’un grand pas réglé au compas de son géomètre interne. Ici tout est moins vieux que malade, qu’estropié, de guingois, scoliose. Maisons conglomérées comme des vieillardes dans un hospice pour s’épauler la décrépitude. Ne vivent là que ceux dont le niveau matériel est tout juste au-dessus du clochard et de la cloche de bois. Une populace de manœuvres, une soupe populaire faite de bras, de jambes, de mains, de bons dos pour l’industrie qui commerce de tout… De la viande d’entreprises qui en usent, en abusent et en rusent : une chair réduite à la trame. Lucien ne les connaît que depuis qu’il est de l’ethnie des pauvres, depuis qu’il a tombé la veste du survêt pour vivre la peau sur les os, ce linceul des indigents, xénophoïdes et discriminés, tous catalogués insignifiants. Auparavant, non, il ne connaissait rien, il était dans l’ignorance puisqu’au-dessus, ce dessus du panier qui ne fréquente que les couches supérieures, le nanan de la hiérarchie stratigraphique du monde. Fini ! il est définitivement partie intégrante de l’épaisse couche cracra qui tartine le plancher social.

Sociodrame. Hall de gare à gardes-chiourme planchéié de planches à cercueil sur lesquelles tombe une pluie pareille à des aiguillées de fil blanc sur noir. Pluie qui fait patte de velours sur le trottoir comme les pieds de Lucien qui ne s’entend pas marcher. Il n’y a que les pneus des rares voitures qui miaulent en roulant sur les pavés. Il avance vite mais pas droit, tantôt à droite, tantôt à gauche. Il est en plein dans la pelote de l’Érèbe, pelote de déjections faite de morceaux de rues biscornues et mendigotes, lieu à gueusaille et bas de tronche où l’à boire et à manger exténue de son hyperbole. Puis la marge des ruelles disparaît pour sinuer en venelles sans trottoir, en sentiers, en sentines et senteurs de latrines. Tombent toujours les mêmes aiguilles d’acier trempé de pluie glacée. Les poubelles sont sorties : seules présences visibles de l’existence abdominable d’êtres inscrits sur le marbre de la hiérarchie comme ordures.

Peu à peu, le métier à tisser les pensées qui bistanclaque dans son crâne ralentit sa cadence. Les rats des villes s’esquivent, rats à deux pattes qui montrent parfois les dents, parfois des yeux identiques. La nuit tombe comme la pluie sur les façades noires que leurs orbites avalent. Lucien tousse. Il s’arrête, s’appuie au mur, tousse et repart. Immédiatement à grands pas, compas, tête basse, etc. Brusquement la fatigue le matraque. Il s’aperçoit alors qu’il a la bouche vide, sèche : il ne mâche plus rien. […] »

 

© Guy Brémond, in Noria.

 

 

 

(Je suis désolé, mais la page du site refuse la police et le point que j'impose ordinairement aux textes des articles...)

 


Partager cet article
Repost0
23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 06:23




Ce tableau, cette peinture, ce panneau peint, cette œuvre, ce poème… Pour l’homme contemplatif, de quel mot désigner l’objet qui comble, émeut, bouleverse, enchante, charme, envoûte, commotionne, étonne, caresse, baise et blesse, cet objet d’amour et de beauté qui fait corps au cœur et à la pensée ? De quel mot sinon de celui qui par sa réalité, sa symbolique, est immédiatement dans la bouche : cette femme…

Car cette œuvre contemplée est une incarnation, une très authentique réalité humaine. Elle n’est pas, ou plutôt elle n’est plus un objet de la nature, mais, par la grâce du génie créateur, elle est dorénavant un objet d’incarnation humaine. C’est d’ailleurs ce génie créateur qui, depuis l’apparition de la conscience et du langage, a mis de l’humanité dans la nature jusqu’à construire d’impressionnantes mythologies, de prodigieuses architectures divines…

C’est par la même activité de l’esprit qu’une œuvre se trouve pourvue d’une âme, d’un souffle, le souffle de la vie. Un souffle, une “spiritualité” (de spiritus, pneàma), exprimée par un langage et tous les outils appropriés : le mot et le calame pour l’écrire ; le chant et la notation ; le dessin, la couleur et le pinceau ; une technique, un art. Par la maîtrise de tous ces moyens, l’homme crée l’œuvre, crée l’univers, un panthéon, une origine, un premier homme, une première femme, Pandora, Ève… Et tous les objets qui sortent de son cerveau, de ses mains, sont issus et chargés de sa propre humanité.

De sorte qu’il est tout à fait compréhensible, que devant une beauté qui lui “parle”, qui le “touche”, l’homme ainsi composté, imprégné de ce sentiment d’estime, d’admiration, d’émerveillement (celui qui déclenche l’extase), sentiment suscité, suggéré, produit par la rencontre de cette beauté avouée, avérée, advenue et la sienne propre, constituée de tous ses sens en alerte, dise : j’aime ! J’aime cette beauté, cette œuvre, cette femme. Parce que cette œuvre est éminemment douée de la parole, même silencieuse, et alors d’une pensée contenue, diffusive d’elle-même. Un colloque personnel, intime ; une relation privilégiée, une singularité dans l’existence.

Sans doute, si dans un emportement passionné l’homme ainsi commotionné s’emparait de l’œuvre en question pour l’embrasser, il serait aussitôt taxé de fou, de malade mental, et promptement arrêté comme un voleur, un violeur, tant sa physionomie porterait les stigmates de l’amour. Il va de soi que la plupart du temps, dûment éduqué, même l’homme parvenu à ce stade d’ébranlement intérieur, sait transformer son comportement amoureux en comportement simplement élogieux.

Reste que dans la solitude de son habitat, de son habitacle, intensément “remué” en lisant un livre ou écoutant une musique, il ne paralysera pas ses mouvements passionnés, se livrant tout entier à ce qui n’est pas autre chose qu’un profond rapport amoureux.

 

« […] Il n’est pas fétichiste. Ou alors le seul fait d’éprouver une affinité élective rend automatiquement fétichiste. Aimer exclusivement telle femme, tel tableau, telle musique, telle poésie, telle porcelaine, etc., relève de l’adoration. Par conséquent aimer lire cette poésie, écouter cette musique, contempler ce tableau, goûter cette porcelaine, se plaire incessamment avec cette femme et tout ce qui s’y rapporte, jusqu’à ses lettres, ses regards, ses mots doux, ses caresses, les dentelles de ses dessous, ses conseils, et, lorsqu’elle n’est plus – elle, mais avec elle les auteurs, les peintres, les musiciens… –, aimer ce qu’elle a laissé, l’œuvre et les outils de sa vie, est-ce du fétichisme ou de l’amour ? C’est tout à la fois du respect, de l’estime, de la vénération, du plaisir jusqu’à la jubilation et l’extrême gratitude. Bref, c’est de l’amour. Il n’est donc pas fétichiste (et même s’il l’était, la belle affaire !) en venant dans ce cimetière poser son regard sur cette tombe. […]

Non, la rareté, c’est la femme, son œuvre, sa vie, sa chair, son âme. Et c’est ce dont il s’occupe immédiatement. Le temps de jeter deux coups d’œil par-dessus ses épaules gauche et droite, histoire de contrôler qu’il est bien ici le seul vivant debout sur ses pieds, et embrassant à nouveau la tombe, il se met à ronronner un poème comme s’il murmurait une prière. À ceci près que son poème n’a rien à voir avec une prière. À moins que tout poème soit par nature une prière – mais non inversement –, ce qui est possible. Toujours est-il qu’il le ronronne jusqu’au bout. Arrivé à ce bout, il enchaîne avec un autre et ne s’arrête plus. À croire qu’il sait tout un livre par cœur, ce qui est certainement le cas. Ou tout un cœur par cœur, ce qui est la même chose. De plus, il récite comme d’autres boivent : régulièrement, sans hâte, sans traîner, portant à sa bouche un poème sans faux col, le goûtant comme on goûte un baiser, puis, l’ayant ainsi humecté de sa propre substance, il le prononce de telle sorte que les mots s’incarnent, prennent du poids, de la densité, du volume, de l’intensité, jusqu’à même former devant lui, sur la pierre tombale, un corps vivant, nu, blanc d’une blancheur lumineuse, très douce, très sereine, immobile avec à peine seulement un imperceptible balancement, comme la scansion d’une rame plongeant alternativement dans le silence et dans la voix que rien n’altère, limpide, qui bat, elle aussi, semblable à la bulle d’une veine sous la peau fine et transparente, une voix pareille à une main, à la caresse d’une main, une voix qui d’ailleurs a la souplesse, a la tendresse intrépide, la force et la beauté jusqu’à la hardiesse communicative des pressions convaincantes. Un poème après l’autre qui mettent au jour une femme qui se reconnaît en eux comme dans un miroir, qui s’y mire, qui s’en sert pour vêtir sa nudité fraîche, sa vénusté nouvelle, et qui bientôt double la voix du récitant, s’y superpose jusqu’à même lui prendre la parole et continuer le poème qui sans cette initiative resterait enchaîné à son point final écrit jadis sur son cahier resté ouvert. Une femme qui maintenant sourit tout en ne cessant de dire son amour, son émerveillement, ses enchantements ; qui s’approche tout près du bord de la pierre, s’approche du récitant muet dont les yeux l’envisagent et dans la prunelle desquels elle souffle ses mots jamais encore dits, des douceurs issues d’une gestation de plus de quarante ans, des mots venus d’une lointaine enfance qu’elle donne comme elle donnerait le lait de ses seins à un nouveau-né… […] »

 

© Guy Brémond, in Récitatif.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Cicérone
  • : Biographie d'un écrivain également peintre dont la méconnaissance est une injustice
  • Contact

Profil

  • Cicérone
  • Ami de l'écrivain-peintre, je m'efforce de faire connaître son oeuvre, c'est la raison même de ce blog.
Si l'on désire obtenir certaines informations particulières, il est toujours possible de me joindre personnellement à cette adresse : artcu
  • Ami de l'écrivain-peintre, je m'efforce de faire connaître son oeuvre, c'est la raison même de ce blog. Si l'on désire obtenir certaines informations particulières, il est toujours possible de me joindre personnellement à cette adresse : artcu

Texte Libre

Voici une adresse pour celles et ceux qui désireraient éventuellement obtenir certaines informations particulières, si toutefois je suis en mesure de les fournir : artcultur@ifrance.com

Recherche

Autres textes.

Archives

Portrait

 

 

 

 

 

 
 

Il n’est peut-être pas tout à fait inutile de montrer le visage de l’homme auquel ce blog est consacré. L’esprit ayant besoin d’un support physique, grâce à l’intimité duquel il sait parfaire sa connaissance. La photo ci-contre date des années 1970.

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories