Un homme. Tout entier, là, devant soi ; et soi tout entier dans le regard. Un corps à corps comme un tête-à-tête. Deux esthètes qui bientôt, peu à peu, par lente et sûre assimilation, ne font qu’une œuvre à l’œuvre. Deux corps dans un seul regard. Un corps de femme dans un œil d’homme, et inversement un corps d’homme dans un œil de femme. Mais en vérité, dès lors que cet œil – féminin ou masculin – est augmenté du regard de l’art, l’art d’aimer l’émotion, la commotion et leur résultante qu’est alors ce qu’on appelle, en synthétisant toute pensée, la beauté, ce corps interrompu est un acte de pénétration dans l’humaine réalité. Sans fard et sans forfanterie. À la fois une vue à bout portant, et même touchant, et une vue de Sirius. L’objet, l’œuvre, offre le panorama d’une humanité identifiée jusque dans son individualité. Son particularisme, sa personnalité, son caractère, sa solitude. Ce que l’on voit, ce qui nous pénètre, ce que l’on pénètre, ce qui nous regarde, nous touche, nous prend, nous comprend en son image, est un désir admiré qui a sa solution dans l’assouvissement incessant d’un franc plaisir, très heureusement fragile… Parce que là, tout est immédiatement préhensible, compréhensible, authentifiable et authentique. Là, ni crypte ni rébus, ni complication, ni mystère ni problème. Si paraît une énigme, c’est que le regard est encore inutilement embarrassé du culte modernisé d’un Sphinx ou d’une Sphinge aussi archaïque qu’anachronique.