Forme, formel ; informe, informel ; figuratif, non-figuratif, etc. Le jeu des étiquettes et des oppositions, des définitions et des différences, jeu d’esprit, mots d’esprit… Querelle des anciens et des modernes ? Pour les tenants, les accros de la fuite en avant, pour les jongleurs de concepts et contorsionnistes intellectuels, il s’agit moins de quereller que de péjorer en décrétant, en faisant l’apologie laudative de ce à quoi ils croient dur comme fer, acier trempé et inox. Pour les autres – qui ont tort de rétorquer, puisque leurs arguments ou leurs railleries se retournent contre eux –, il s’agit plus de se défendre que d’attaquer, et donc d’avouer leur faiblesse ; aveu de subalternes. Mais dans tous les cas, s’il y a querelle, rivalité, concurrence ou divergence, le fait – et la faute – est dû aux fabricants de catégories, d’étiquettes de prix, de poids, de pensée vraie ou fausse. Ces partisans acceptent, ou plutôt ne tolèrent la diversité, la pluralité, qu’en fonction d’une conviction qu’ils présentent comme étant l’expression du progrès (le leur, de la même manière qu’on loue l’éthique, mais celle d’expression occidentale, celle qu’on impose au monde, à l’instar des religions, de l’économie…). S’ils ne se pensent ni ne se disent, il se laissent volontiers qualifier d’élite, nommant ainsi, par antinomie automatique, leurs dissemblables de barbares, de sauvages, d’attardés, d’archaïques, de primaires… Et comme, de plus, ils savent exploiter durablement les deux-trois catégories socioculturelles d’esprit, dit-on, démagogique, ou pratiquant l’art de la compromission ou celui d’avoir toujours raison (la pétition de principe, le sophisme), il ressort de tout cela que cette affaire de classification de la peinture en ceci et cela relève du parti pris, de l’idée préconçue, de ce besoin, qui n’a décidément guère évolué depuis le paléolithique, de ranger – manière détournée de s’approprier, de dominer et régir – dans des casiers préfabriqués ce qui n’est viable qu’en liberté.